Dans les années 1930, le scientifique Rudolph Schenkel a mené des observations sur des loups en captivité et, en 1947, il publia une étude intitulée Expressions Studies on Wolves. Ses conclusions suggéraient que les loups vivaient selon une hiérarchie rigide, où chaque individu devait se battre pour obtenir une position dominante. Selon cette théorie, le loup alpha, leader incontesté de la meute, imposait son statut par des affrontements fréquents, garantissant ainsi son accès prioritaire à la nourriture, aux lieux de repos et aux femelles.
Ces recherches, menées uniquement sur des loups captifs, ont été généralisées à d’autres espèces, y compris les chiens domestiques. À l’époque, l’éducation canine reposait majoritairement sur des méthodes coercitives issues des entraînements militaires. La théorie de la dominance servait alors de justification pour contraindre le chien à la soumission, de peur qu’il ne cherche constamment à défier l’autorité de son maître.
Pourquoi Cette Théorie est-elle Désormais Obsolète ?
Dès les années 1970, plusieurs études ont remis en question la pertinence du modèle hiérarchique de Schenkel.
👉 Contrairement aux loups en captivité, les loups sauvages vivent en groupes familiaux composés des parents et de leurs jeunes. Leur organisation repose sur la coopération plutôt que sur la compétition, et les conflits violents y sont rares.
👉 Les loups observés par Schenkel n’étaient pas liés par des liens de parenté et étaient forcés de cohabiter dans un espace restreint. Cette situation artificielle favorise les tensions et les rivalités, donnant une image erronée du fonctionnement naturel d’une meute.
Par conséquent, il est inadapté d’appliquer ce modèle aux chiens domestiques, qui ne vivent ni en meute, ni dans des conditions où ils doivent se battre pour leur survie.
Contrairement aux idées reçues, la hiérarchie chez les chiens n’est ni rigide ni linéaire. Les interactions entre individus sont influencées par des facteurs contextuels, comme la motivation à obtenir une ressource ou l’expérience passée. Plutôt que d’être basée sur des rapports de force, la stabilité sociale repose sur la déférence mutuelle et la communication.
Dominance, Soumission : Des Notions Mal Interprétées
Pour qu’une hiérarchie structurée se forme, plusieurs conditions doivent être réunies :
✅ Un groupe d’au moins trois individus de la même espèce
✅ Une cohabitation continue, 24h/24
✅ Un objectif commun lié à la survie (alimentation, reproduction, sécurité)
À partir de ces critères, on peut conclure que :
🔹 Deux chiens vivant ensemble ne peuvent pas établir une hiérarchie stricte, car ils sont trop peu nombreux et ne partagent pas d’enjeu de survie.
🔹 Des chiens qui se croisent en promenade n’ont pas le temps ni les conditions nécessaires pour structurer une hiérarchie.
🔹 Même un groupe de chiens vivant sous le même toit ne forme pas forcément une meute organisée, puisque leur survie dépend des humains.
Ainsi, les comportements de leadership ou de soumission sont souvent circonstanciels et non permanents.
Comprendre la Communication Canine
La communication des chiens est bien plus complexe que la simple opposition dominant/dominé. Nos compagnons utilisent un langage corporel subtil, combinant signaux visuels, auditifs et olfactifs.
1. Le Langage Corporel : Décrypter les Postures
✔️ Posture détendue : Corps souple, queue relâchée, oreilles naturellement orientées.
✔️ Posture de vigilance : Corps tendu, oreilles dressées, queue relevée, regard fixe.
✔️ Posture de menace : Poils hérissés, corps raide, queue droite, possible grognement.
✔️ Posture d’apaisement : Corps bas, queue rentrée, oreilles plaquées, possible exposition du ventre.
💡 À savoir : Beaucoup de comportements interprétés comme de la « soumission » sont en réalité des signaux d’apaisement, destinés à éviter un conflit.
2. Les Signaux d’Apaisement
Les chiens emploient des gestes spécifiques pour calmer une situation ou montrer qu’ils ne sont pas une menace :
🔸 Détournement du regard : Évite une confrontation directe.
🔸 Léchage de la truffe : Réaction au stress.
🔸 Bâillement : Pas seulement lié à la fatigue, mais aussi au stress ou à l’inconfort.
Ces signaux sont cruciaux pour bien interpréter les émotions d’un chien et réagir de manière appropriée.
3. Les Expressions Faciales
✔️ Yeux plissés : Confort et détente.
✔️ Yeux grands ouverts, fixes : Attention, voire inquiétude.
✔️ Bouche ouverte et détendue : Relaxation.
✔️ Bouche fermée, tension visible : Stress ou inconfort.
4. Les Sons : Une Communication Vocale Importante
🐶 Aboiements : Peuvent exprimer l’excitation, l’alerte ou la demande d’attention.
🐶 Grognements : Signe d’avertissement, mais aussi un élément du jeu. Ne jamais punir un grognement, car il sert de signal de prévention.
🐶 Gémissements : Manifestation d’excitation, de stress ou de demande d’affection.
🐶 Hurlements : Commun chez certaines races comme les huskies, souvent en réponse à des sons extérieurs.
5. La Queue : Un Indicateur d’Humeur
Contrairement aux idées reçues, une queue qui remue ne signifie pas toujours que le chien est content.
✔️ Queue haute et rigide : Vigilance ou dominance contextuelle.
✔️ Queue qui remue bas et rapidement : Nervosité ou inconfort.
✔️ Queue entre les pattes : Peur ou stress.
Les Interactions Sociales : Entre Jeux, Rituels et Conflits
Les chiens sont des animaux sociaux, et leurs interactions passent souvent par des jeux et des échanges ritualisés.
🔹 Le Jeu : Une Communication Essentielle
Les chiens utilisent des signaux précis pour inviter à jouer, comme la révérence (buste baissé, arrière-train relevé). Les jeux incluent souvent des courses-poursuites et des mordillements, mais restent équilibrés et consensuels.
🔹 Les Conflits : Rarement Violents
Contrairement aux croyances, les conflits entre chiens sont rarement agressifs. Les signaux d’apaisement permettent de désamorcer la tension avant qu’un affrontement ne survienne.
Mieux Communiquer avec Votre Chien
Vous l’aurez compris : mettre un chien sur le dos pour « devenir l’alpha » est une méthode dépassée et inefficace.
💡 Les clés pour une bonne relation :
✔️ Observer et comprendre son langage corporel
✔️ Respecter ses signaux d’apaisement
✔️ Éviter les interprétations anthropomorphiques
✔️ Privilégier une éducation bienveillante et positive
Plutôt que d’imposer une dominance artificielle, il est essentiel d’apprendre à décrypter les besoins et émotions de votre chien.
🔎 Cha’ & Chien Vous Accompagne
Pour une cohabitation harmonieuse, consulter un éducateur canin ou un comportementaliste dès l’adoption peut être une aide précieuse. Une meilleure compréhension du comportement canin permet de renforcer la confiance et le lien entre vous et votre compagnon à quatre pattes.
🐶💙 Un chien bien compris est un chien heureux… et un maître épanoui !

